Le 4 mai 2025, le Gouvernement israélien a précisé son plan de bataille pour Gaza :
- Rappel de plusieurs dizaines de milliers de réservistes pour les combats attendus de la prise de contrôle militaire complète (en plusieurs phases) de Gaza par Israël. Les réservistes (dont certains, officiers et soldats, ont déjà annoncés par milliers ne pas rejoindre leurs unités, s’interrogeant sur la signification de tant de massacres à Gaza) remplaceront des unités d’active au Nord d’Israël et en Cisjordanie, lesquelles unités d’active seront envoyées à Gaza.
- Refoulement, déjà en cours, de plus de 2 millions de Palestiniens dans le sud de Gaza, 60 % du territoire de Gaza étant déjà considéré comme kill zone.
- Contrôle et organisation de l’approvisionnement de la population palestinienne par Israël, avec l’appui de 2 agences militaires privées américaines dont les processus d’interventions opérationnelles sont déjà précisés et une obscure fondation créé en Suisse pour le financement, sur base d’un flux entrant journalier de 60 camions et de doses de nourriture insuffisantes par famille pour nourrir ́la population et assurer sa survie alimentaire.
- Gestion des “départs volontaires” de la population palestinienne, affamée, affaiblie et opprimée, hors de Gaza.
- Mise en place par l’Etat d’Israël de procédures administratives d’autorisations pour toutes les associations humanitaires opérant à Gaza (avec mention de tous les intervenants étrangers et gazaouis), une première mondiale en la matière.
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Le Premier Ministre israélien Netanyahou, du Likoud devenu kahaniste (pour reprendre une formule de Gidéon Levy, chroniqueur du Haaretz) a précisé que la libération des otages restant était une question secondaire, l’objectif principal étant le défaite complète de l’ennemi.
Quant au Ministre des Finances israélien Smotrich, du parti sioniste religieux kahaniste, il a confirmé que ramener les otages n’était pas le but le plus important, que Gaza serait entièrement rasée et qu’après avoir été regroupée dans le sud de Gaza, la population palestinienne quitterait Gaza en masse vers des pays tiers, annonçant un délai de 6 mois pour la disparition complète du Hamas.
Quant au Ministre de la Sécurité Nationale Ben Gvir, membre de l’autre parti sioniste religieux kahaniste, il n’estime pas qu’il soit nécessaire de nourrir la population de Gaza.
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Encore plus loin dans le génocide et l’effacement des Palestiniens comme le constate l’Association France Palestine de Solidarité.
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Simultanément, certains Etats européens (qui n’ont pas reconnu l’Etat de Palestine) étendent leurs répressions à l’égard du soutien intellectuel, universitaire ou opérationnel à la lutte des Palestiniens pour leurs droits, tels la France de Macron et l’Allemagne (laquelle ne s’est pas prononcée sur l’initiative française mais a promis ce week-end à Netanyahou de lutter contre l’antisémitisme, lire contre la critique et la contestation du sionisme, devenu révisionniste puis kahaniste, et de la politique israélienne.)
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D’autres Etats européens, qui ont reconnu unilatéralement l’Etat de Palestine (lequel s’est proclamé comme Etat indépendant et souverain depuis 1988, dans les frontières de 1967, comprenant la Cisjordanie, Gaza et Jérusalem-Est, avec Jérusalem-Est comme capitale, reconnu à ce jour comme Etat indépendant et souverain par 148 Etats dans le monde), Espagne, Islande, Norvège, Irlande, Slovénie, appuyé par le Luxembourg de Xavier Bettel (qui n’a pas reconnu l’Etat de Palestine mais va le faire, quand les otages seront libérés) s’opposent le 7 mai 2025 à tout changement territorial et démographique à Gaza.
Aux Pays Bas, le Ministre des Affaires Étrangères vient de demander que l’Union Européenne rompe son accord commercial avec Israël vu la situation à Gaza.
L’Espagne annonce le 7 mai 2025 déposer devant l’Assemblée Générale des Nations Unies un projet de résolution relatif à un plan d’urgence pour notamment éviter les massacres de civils à Gaza.
Ce 8 mai 2025, le Premier Ministre de l’Autorité Palestinienne (dont ne fait pas partie le Hamas) a déclaré Gaza zone de génocide et en fait porter la seule responsabilité sur l’Etat d’Israël.
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En Belgique, le Gouvernement Arizona (dans lequel participent Les Engagés qui ne se sont jamais profilés sur le dossier palestinien mais ont appelé à la manifestation du 11 mai 2025, et dans lequel NVA et MR témoignent d’un fort tropisme israélien, “netanyahou-ien” pour être exact, tropisme si bien vendu derrière le sourire affable de Mr Quintin, Ministre MR de l’Intérieur et ancien Ministre MR en affaires courantes des Affaires Étrangères) souhaite “remettre le dossier dans le chemin du droit international” (Traduction : Israël est un Etat reconnu depuis le vote de l’ONU de 1948 et est reconnu par la Belgique. Agressé, le droit international lui reconnaît le droit de se défendre. Parler de respect des Accords d’Oslo, de colonisation, d’apartheid, de génocide, d’arrêt des combats et de reconnaissance de l’Etat de Palestine, c’est importer ce conflit en Belgique, comme dirait GLouB. Ben tiens ! On devrait aussi interdire cartes blanches, tribunes libres, appels, pétitions et manifestations, livres et études, également questions sur le sujet dans les sondages, pourquoi pas articles de journaux, communiqués de presse de l’ONU, de l’OMS, du PAM ou rapports d’Amnesty International ou de la Croix Rouge Internationale. Également les questions parlementaires orales et écrites. J’allais oublier, interdire les images de Gaza dans les émissions d’information et les journaux télévisés, cela perturbe le sommeil de Mrs De Wever et Bouchez dit GLouB.) et débat de la reconnaissance (non unilatérale et fortement conditionnée) de l’Etat de Palestine.
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Le MR reste opposé à une reconnaissance unilatérale, la NVA réticente.
Des conditions sont citées.
Le retrait du Hamas de Gaza.
Et les autres organisations palestiniennes ?
Également la délimitation précise des frontières.
Que fait-on de Jérusalem, annexée par Israël, notamment de Jérusalem-Est où la répression contre les arabes est permanente ?
Il n’y a juridiquement pas de palestiniens en Israël mais des arabes, devenus formellement juridiquement citoyens de seconde zone depuis la loî sur la citoyenneté israélienne de 2018, tout comme 500000 juifs israéliens qui ne peuvent attester que leur mère était juive ou qu’ils ont une pratique religieuse juive, une nationalité d’apartheid en somme que ne semble pas avoir aperçue l’Arizona.
Que fait-on de la Cisjordanie, où sont actuellement présents 500000 colons juifs israéliens, une grande partie affiliés ou proches des partis sionistes religieux kahanistes, installés, illégalement selon le droit international et en violation de la 4eme Convention de Genève, sans répit depuis 20 ans par les gouvernements israéliens dans 130 colonies, dans la zone B et dans la zone C, zone C où vivent quelques 300000 paysans palestiniens essentiellement, en butte permanente aux violences et harcèlements des colons et de l’armée israélienne ?
Que fait-on de la Cisjordanie qui, selon les accords d’Oslo, refusés par la droite et l’extrême droite israélienne au pouvoir, devrait être placée en totalité sous l’Autorité palestinienne, laquelle n’en “contrôle” qu’une des 3 zones, la zone A, où est par ailleurs présente l’armée israélienne, qui dispose de 800 check points en Cisjordanie ?
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Les partis politiques de l’Arizona n’ont visiblement également pas aperçu qu’un mouvement de colonisation de la Cisjordanie existe (qui couvre actuellement 60% du territoire de la Cisjordanie selon les chiffres israéliens collectés par le vieux mouvement La Paix Maintenant, sioniste de gauche, “en exil” à Paris depuis de nombreuses années), bien que de nombreuses informations, analyses, notamment de centres d’études israéliens, et condamnations de l’ONU existent en cette matière, et ils entretiennent l’ambiguïté ou le déni sur cet aspect.
Aujourd’hui, en Israël, les sondages montrent également que 50% de la population juive israélienne et 80% de la population arabe israélienne est partisane d’un retrait d’Israël de la Cisjordanie (et d’un non retour à Gaza), cette option de retrait et de non occupation “des territoires occupés” étant même préférée par 35% des israéliens d’origine juive qui se classent à droite, 50% de ceux qui se classent au centre et 60% de ceux qui se classent à gauche mais refusée par 90% des électeurs d’origine juive votant à l’extrême droite.
On murmure même dans le gouvernement Arizona que l’Autorité Palestinienne (par ailleurs sabotée par Israël et refinancée par l’Union Européenne) est dans l’incapacité de gérer la Cisjordanie, à fortiori Gaza, et également, que l’Autorité Palestinienne ne serait pas suffisamment démocratique (comme le précise ce week-end Mr De Wever dans son interview des 100 jours de l’Arizona) alors que l’accord négocié en 2024 sous l’égide de la Chine entre toutes les forces politiques palestiniennes, y compris le Hamas et le Fatah, confirme l’Autorité Palestinienne pour gérer Gaza et que si des élections devaient avoir lieu aujourd’hui en Cisjordanie et à Gaza, le Hamas (que le gouvernement belge et le MR veulent voir disparaître) en serait le vainqueur.
De quoi parle-t-on ? De la fumeuse proposition mise à l’étude au sein du gouvernement israélien il y a quelques mois d’instaurer, comme sous le régime disparu de l’apartheid en Afrique du Sud, un ou des gouvernements “amis” à Gaza et en Cisjordanie, un peu comme dans les bantoustans, que l’Afrique du Sud de l’apartheid était seule à reconnaitre ?
La coalition Arizona se cache également derrière la proposition d’Emmanuel Macron (la France reconnaissant par ailleurs déjà implicitement l’Etat de Palestine dans de nombreux domaines, par exemple, le représentant de l’Etat de Palestine en France ayant rang d’ambassadeur, ce qui n’est pas le cas en Belgique), une hypothèse actuellement improbable d’accord avec l’Arabie Saoudite de reconnaissance bilatérale de l’Etat d’Israël et de l’Etat de Palestine.
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La Knesett, parlement d’Israël, a voté la non reconnaissance d’un quelconque Etat palestinien et Israël répond, en off, puis en clair, ce dimanche 11 mai 2025, que dans le cas de la reconnaissance de l’Etat de Palestine, il annexera la Cisjordanie, les choses ayant en effet été mises en route en ce sens depuis plus d’un an sous le ministre religieux kahaniste Ben Gvir et par le nouveau Ministre de la Défense, qui a créé un département militaire en la matière.
L’Arabie Saoudite a refusé, dans le cadre des accords d’Abraham de Trump I, la reconnaissance diplomatique d’Israël du fait l’absence de garantie réelle d’un État pour les Palestiniens.
Tous ces oublis, toutes ces dissimulations et toutes ces pseudo-conditions en Belgique n’indiquent pas que “NVA et MR ne connaitraient pas leur dossier” mais respirent les positions rances de Netanyahou et de l’extrême droite israélienne.
Les Accords d’Ambraham, voulus par Donald Trump I, de reconnaissance bilatérale d’Israël et de pays arabes sans garantie réelle pour les Palestiniens, sont la cause de l’action militaire en Israël du 7 octobre 2023 de la résistance armée palestinienne à Gaza (laquelle résistance armée, n’en déplaise à certains, est légale et légitime du point de vue du droit international).
Une politique que Trump II, au travers des récentes négociations unilatérales conclues avec les Houthis, ayant débuté avec le Hamas et l’Iran, aurait, peut être, abandonné ?
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“Tout doit apparemment changer pour que rien ne change”, comme le déclarait en 1860 le Prince Salina dans Le Guépard de Tomasô di Lampedusa (filmé par Visconti) devant la montée des Chemises Rouges armées de Garibaldi lors de la révolution nationale italienne.
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L’Arizona nous met en scène ses émotions par rapport aux images de Gaza (et surtout par rapport aux réactions au sein des populations de Belgique) et ses pseudos débats et nous montre une valse d’hypocrisies, pour ne prendre, au jour de cette chronique, aucune initiative réelle et aucune mesure réelle, en application des conventions internationales que l’Etat belge a signées et auxquelles il souscrit et des avis et décisions de la Cour Pénale Internationale, pour ce qui est la seule priorité du moment, mettre fin au génocide en cours à Gaza et à ses diverses manifestations et effets.
Des débats dans l’attente de la prise de contrôle militaire complète de Gaza par l’armée israélienne et des massacres qui y seront liés ?
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Les monstres résident toujours dans les détails et c’est dans les détails qu’on les combat et qu’on les détruit (pour paraphraser notamment Thomas d’Aquin ou les magistrats instructeurs et les juges du ministère public du Tribunal de Nuremberg demandant la condamnation à mort des nazis), combat que ne mène pas le gouvernement belge, qui, au contraire d’autres Etats européens tel l’Espagne, continue de tenir ouverte la porte aux monstres.
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Sources = Presse internationale et belge, RTBF et Association France Palestine de Solidarité.
Victor Serge,
Chroniqueur POUR, 12 mai 2025.
Chroniqueur POUR, 12 mai 2025.
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Toutes les informations contenues dans cette chronique et dans la note de l’auteur sont publiques.
Note de l’auteur.
Le terme “kahaniste” mentionné dans cette chronique renvoie aux doctrines messianique et raciste du rabbin américain Kahane, assassiné le 5 novembre 1990 à New York, “Israël, de la Mer au Jourdain”, qui prônent notamment la mise en esclavage des palestiniens et leurs expulsions de Cisjordanie et de Gaza, l’expulsion des juifs de gauche d’Israël (toutes les associations de gauche israélienne étant aujourd’hui menacées selon les déclarations le 7 mai 2025 de Orly Noy, présidente de B’Tselem, association des droits humains en Israël qui, notamment, dénonce régulièrement la situation faite aux détenus palestiniens dans les prisons israéliennes, et militante de Balad, parti israélien de gauche et antisioniste associant arabes et juifs, au journal israélien +972 Mag installé à New York) et le retrait du droit de vote aux arabes israéliens avant leur expulsion d’Israël, doctrines qui imprègnent aujourd’hui le Likoud, parti du sionisme révisionniste de Netanyahou, et qui sont la référence des doctrines des 2 partis sionistes religieux de Smotrich et Ben Gvir, ce dernier étant un ancien membre du parti Kach de Kahane. L’assassin d’Yitzhak Rabin le 4 novembre 1995, père des Accords d’Oslo avec Yasser Arafat, était membre du sionisme religieux, qui refuse notamment l’abandon de la Cisjordanie, et qui refusait le retrait israélien de Gaza en 2003.
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A LIRE, sur le site de POUR.
■”La légalité internationale de la résistance armée palestinienne”, Majd Darwish, CAREP Paris, 25 décembre 2024.
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■ A LIRE, en accès libre.
●”Plan de conquête, incitations au depart des habitants : que dit le droit international”, Thea Jacquet, RTBF, 6 mai 2025.
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A LIRE, sur le site de l’association Belgo-Palestinienne, en accès libre.
■”Qu’attendre du gouvernement De Wever pour la Palestine”, Grégorien Mauze, 10 avril 2025.
https://www.association-belgo-palestinienne-be/quattendre-du-gouvernement-de-wever-pour-la-palestîne/
■”Depuis des années, la position de la NVA est proche de la vision du gouvernement israélien”, Rikhert Horemans, 10 avril 2025.
■”La solidarité avec le peuple palestinien n’est pas un délit”, 23 avril 2025.
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A LIRE, en accès libre.
Après analyse, le Parquet de Bruxelles a conclu qu’il n’y avait aucun élément constitutif d’une infraction aux lois antidiscrimination et contre le négationnisme. Le dossier a été classé sans suite en décembre 2024, après avoir été soumis au Procureur Général.
L’analyse du Parquet de Bruxelles confirme l’analyse d’UNIA d’absence d’éléments relatifs à l’antisémitisme.
■”Petite réponse du Hamas. Fouad Ahidar ne sera pas poursuivi”, Belga, 7 mai 2025.