L’expulsion comme punition et la guerre quotidienne contre les migrants, de la Turquie aux États-Unis

Retour sur les politiques antiimmigration – 12/14

À l’aube du 9 décembre 2024, des centaines de réfugiés syriens se sont rassemblés aux postes-frontières turcs de Cilvegözü et Öncüpınar, à la frontière nord de la Syrie, pour rentrer chez eux après la chute du gouvernement de Bachar al-Assad.

Une femme traverse la frontière syrienne depuis la Turquie par le poste-frontière de Kassab, le 27 décembre 2024. Aaref Watad/AFP via Getty Images

Enveloppés dans des couvertures, serrant leurs enfants et leurs biens, ils attendaient avec impatience, certains ayant campé toute la nuit près des barrières.

Le gouvernement turc et les médias pro-gouvernementaux ont rapidement salué ces scènes comme un tournant humanitaire après 13 ans de guerre. Le ministre de l’Intérieur, Ali Yerlikaya, a annoncé à la frontière que plus de 52 000 Syriens étaient rentrés « volontairement, en toute sécurité et dans l’honneur », ses propos reflétant le discours officiel d’un retour digne. Le président Recep Tayyip Erdoğan, s’adressant à la nation, a ajouté : « À mesure que la Syrie gagnera en stabilité, si Dieu le veut, les retours volontaires, sûrs et honorables se multiplieront. »

En apparence, cet événement semblait marquer la fin des déplacements, un tableau final de soulagement et de résolution. Pourtant, derrière ce tableau soigneusement mis en scène se cache une infrastructure coercitive de déportation des réfugiés qui s’est construite au fil des ans, codifiée dans la loi, surveillée numériquement et subventionnée au niveau international.


By MERIP

MERIP ou Middle East Research Information Project est une revue trimestrielle spécialisée dans l'étude du Moyen Orient contemporain créée aux USA en 1971. En 1996, un site internet à l'accès gratuit est créé.